jeudi 6 mai 2010

Le foot européen résiste pour l'instant à la crise


L'étude annuelle de Deloitte sur la santé financière des clubs pointe cependant du doigt l'endettement des formations britanniques et l'inflation des salaires.


 


 
Manchester United a trouvé un nouveau sponsor maillot pour les quatre prochaines saisons. Un assureur américain, Aon, succède à un autre assureur américain, AIG, qui avait dû jeter l'éponge avec la crise financière. Le montant du contrat n'a pas été dévoilé, mais, selon la presse anglaise, il dépasserait les 100 millions de livres par an (116 millions d'euros). Une bonne affaire pour les Red Devils : avec AIG, l'accord portait sur 60 millions d'euros par an.

Cette annonce confirme le pouvoir d'attraction des clubs anglais. Selon l'étude annuelle du cabinet Deloitte sur la situation financière du football européen, la Premier League britannique a vu ses recettes fortement progresser sur la saison 2007-2008, à 2,4 milliards d'euros, loin devant les autres championnats, en raison de l'explosion des droits télé (4 milliards d'euros sur la période 2007-2010) et de la bonne tenue du sponsoring. Elle affiche en outre un résultat d'exploitation historique de 234 millions d'euros, qui en fait le championnat le plus rentable d'Europe.

3,6 milliards de dettes

Ces chiffres ne doivent cependant pas occulter plusieurs facteurs de fragilité du football britannique, préviennent les auteurs de l'étude, même si tout risque de faillite semble exclu pour le moment. Son endettement devient problématique puisqu'il atteint désormais 3,6 milliards d'euros, dont 1,9 milliard pour les seuls clubs de Chelsea, Manchester et Arsenal. Sur ce terrain, le football espagnol n'est pas mieux loti avec une dette de 3,4 milliards, dont 1,5 milliard pour le Real, l'Atletico et Valence. «Plus vous êtes endettés, plus vous pouvez être vulnérables si vous subissez une perte de revenus comme une non-qualification en Ligue des champions ou, dans le pire des cas, une relégation», prévient Alan Switzer, directeur du département des sports chez Deloitte.

Autre talon d'Achille du foot anglais, l'envolée des salaires. Avec 1,38 milliard d'euros, ils représentent 50 % des recettes du championnat. Un record. À Chelsea, cette proportion atteint 81 % ! Cette inflation salariale n'est pas l'apanage des clubs britanniques. Les « big five » (GB, Espagne, Italie, Allemagne, France) ont consacré en 2007-2008 quelque 4,8 milliards d'euros aux rémunérations de leurs vedettes. La palme de l'inflation revenant à… la Ligue 1 française avec un rapport salaires/chiffre d'affaires atteignant désormais 71 %, souligne Deloitte.

Reste enfin la situation financière des actionnaires des clubs britanniques, secoués par la crise économique. La faillite de Bear Stearns a coûté l'équivalent d'un milliard d'euros à Joe Lewis, principal actionnaire de Tottenham. Tous les yeux sont fixés sur Roman Abramovich, le flamboyant propriétaire de Chelsea qui a investi près de 860 millions d'euros depuis son rachat du club il y a cinq ans.